Toutes les patates ne peuvent pas nager...

Bordeaux, le 8 novembre 2003

J’ai cherché désespérément une cartouche violette pour t ‘écrire, mais mes recherches ont malheureusement été infructueuses.

C’est ton anniversaire aujourd’hui. Tu es à Londres, je sais, mais j’aurais voulu être là, aujourd’hui, avec toi. Si je ne l’ai pas été physiquement, sache que je l’ai été en pensée, sincèrement. Il est 23:30, j’écoute la B.O. de Good Bye Lenin éclairée par deux petites bougies, et je relis toutes tes lettres, qui datent du collège, je rouvre toutes mes boite à souvenirs, je replonge à St Firmin, tu me parles de la vieille grange et du puits ! Je retrouve le chapelet de grand-mère, une carte du Petit Prince, un dessin de Milou, qué calor !

Comme tout a changé… On a dix-huit ans, toutes les deux, ça y est. C’est censé être un jour important la majorité. Moi ça ne m’a rien fait Ca me fait drôle de repenser au collège, à nos 400 coups, tout ca… On a grandi. On a muri. En un sens, c’est triste. C’est une nouvelle vie qui commence pour nous. Je sais qu’on fond de nous on garde toujours une trace de " nous-gamin ", mais 18 ans, c’est l’âge où l’on rompt définitivement avec l’enfance. Dans une de tes lettres, tu me dis qu’il y a des tas de choses à explorer à St Firmin, et qu’il faut que j’y vienne, parce qu’on fera des expéditions ensemble. J’aimerais me dire que je saurais encore faire ça. Mais je crois que c’est fini. Il n’y a plus aucune magie, aucun mystère, il est bel et bien parti, cet aura secret qui enveloppe la jeunesse !

Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On va en boite, on se saoule… C’est bien aussi, on passe du bon temps c’est vrai. Mais une porte est définitivement fermée derrière nous, et comme toutes les portes fermées, on ne peut réprimer l’envie de l’ouvrir, de temps à autres… Aujourd’hui, on construit nos vies. On détermine tout. Et on a pas le droit à l’erreur. Je sais plus qui disait, qu’il y pas de brouillon, dans la vie. C’est tristement vrai… Tu te souviens, de ce rendez-vous qu’on s’était fixé ? 30 juin 2010, face au collège… Je n’ai aps oublié la date. Je crois que j’y serai. Où je serai en 2010 ? Qui je serai ? Ce n’est pas dans si longtemps… 6 an et demi. On aura 24 ans, Pascale. Tu crois que l’une de nous sera mariée ? Enceinte ? Ca fait peur, de penser à l’avenir. Je suis plus à l’aise dans mes petits souvenirs douillets ; le vide m’effraie…

Elle est pas très conventionnelle, cette lettre d’anniversaire ; excuse-moi. Juste que, ça fait tellment bizarre, de nous voir là toutes les deux. On est étudiantes. C’est quelque chose que je voudrais vivre avec toi. Cependant, il y a des points positif à la distance, c’est que chaque message que je reçois de toi suffit à me faire passer une bonne journée, et elle me fait réaliser l’importance que tu as… pour moi. Tu sais, je suis déjà jalouse des gens que tu vas fréquenter, des amitiés que tu vas lier, de vos " private joke " et vos fou rires…

Je vois ta vie de loin, de très loin ; elle change et je voudrais en faire partie. En réalité, c’est nul la distance, ça me fait simplement comprendre que ma place est à Marolles… Pourtant je suis heureuse à Bordeaux, vraiment. Mais il y manque quelque chose.

Hello darkness my old friend , I’ve come to talk with you again… (rires) : en fait c’est un e lettres de déprimée que je t’envoie là, désolée, désolée ! Il faut que je m’arrête là !

Tout ça pour te dire que je te souhaite un très joyeux anniversaire, du fond du cœur ; que j’espère être là pour les prochains.

Bon voyage dans la vie d’adulte…

Ta fidèle amie,

Anna.