Toutes les patates ne peuvent pas nager...

Mon nom vous est inconnu,

Et au fond c'est bien ça qui est drôle.

Je vous écris comme on jette une bouteille à la mer,

Sans pour autant être naufragée.

Je vous écris pour noircir du papier,

Pour créer une connexion électrique…

Voilà la première chose que j’ai vraiment écrite… En 1998, j’avais 13 ans. Ces quelques mots, écrits au dos d’une feuille de question sur un texte à expliquer en français, je ne sais plus vraiment pourquoi je les ai écrits… peut être que ce que je suis m’est apparu à ce moment là, que je me suis rendu compte de ce besoin de plaquer des mots sur un état, qui n’éclaircissent en rien la situation, qui laissent juste des traces, des points d’ancrage dans le passé, pour que je me souvienne si tout cela a un commencement ou non. Des balises sur mon état d’esprit… A qui j’écrivais ? A qui j’écris ? Comme le personnage d’un roman de Baricco, je remplis des lettres, je laisse couler des mots, que je dépose dans une petite boite d’acajou, dans des enveloppes sur lesquelles il n’y a pas de nom, pas d’adresse. Un jour, je déposerai la boite dans les mains de quelqu’un, quelqu’un ? Un seul ? A qui j’écris ? A vous tous ? D’où vient le courant électrique, où est-ce qu’il se dépose ? Il y a des jours où c’est légèrement fatiguant de n’avoir que des questions, et pas de réponses… Mais je ne vais pas finir sur cette note de dépression. Le jour où j’ai retrouvé ce bout de papier, je ne savais pas si j’étais heureuse de redécouvrir un message du passée, un souvenir qui me fit sourire, ou est-ce que j’étais déçue de voir que rien ne change, au dedans… Quoi qu’il en soit, j’aime trouver des mots que j’ai laissé pour moi plus grande, pour le plus tard… qu’est-ce que je voudrais faire quand je serais grande ? Je voudrais prendre les regards des autres en photo, en même temps que le mien… (faut que j’écrive à ma sœur…)